Biographie |
Louis-Antoine de Bougainville La jeunesse Louis Antoine de Bougainville, fils d'un notaire du Châtelet, né à Paris, rue Barre-du-Bec (aujourd'hui rue du Temple), le 12 novembre 1729, cinquième enfant de Maître Pierre-Yves de Bougainville et de Marie-Françoise d'Arboulin. Quoique Parisien de naissance, il était de souche picarde. Louis Antoine perdit sa mère de bonne heure et trouva l'affection dont il était privé auprès de la mère d'un de ses amis, veuve d'un lieutenant de police et fille du contrôleur général Moreau de Seychelles, Mme Hérault. C'est à elle que Bougainville annonçait avec enjouement sa transformation en chef de guerre des Iroquois.
Avocat, soldat, diplomate, savant Son père le destinait au barreau et, par condescendance pour les désirs de sa famille, il étudia le droit et se fit même recevoir avocat. Mais sa vocation l'entraînait hors de la basoche, et il entra en 1753 comme aide-major dans un bataillon de Picardie. L'année suivante, il devenait aide de camp de Clevert, puis secrétaire d'ambassade à Londres, où il fut reçu membre de la Société Royale le 12 janvier 1756. En même temps, il publiait le tome II de son Traité du calcul intégral en signant : " M. de Bougainville, le jeune, de la Société Royale de Londres ". Le marin et l'explorateur Quand il résolut d'entrer dans la marine, ce ne fut pas par caprice d'un esprit aventureux. Un grand dessein avait germé dans ce cœur bien né : offrir un coin de terre où ils pourraient reformer leurs foyers, aux malheureux Acadiens chassés par les Anglais de la vieille colonie qu'ils avaient fondée sous Henri IV, au seuil du Saint-Laurent. Agréé comme capitaine dans le Marine, Bougainville obtint l'autorisation de fonder une colonie aux îles australes, que nous nommons Malouines, et les Anglais Falkland. Il arma à Saint-Malo la frégate l'Aigle, de 20 canons, et la corvette le Sphinx de 8 canons; équipages et capitaine étaient malouins. Le 8 septembre 1763, il appareillait. Le 23 novembre il était en vue de la côte du Brésil, et le 31 janvier 1764 les 150 personnes qui formait l'expédition débarquèrent dans l'archipel des îles Malouines, dont Bougainville prenait solennellement possession au nom de la France le 5 avril suivant. Occupation des iles Malouines La colonie était fondée, les Acadiens avaient trouvé un gîte. Trois jours après, Bougainville regagnait la France et, de Saint-Malo, prenait la poste pour Versailles, afin d'annoncer sa conquête à Louis XV. Quelques mois plus tard, avec le grade de capitaine de vaisseau, qui lui fut conféré le 6 septembre 1764, il repartit pour les Malouines avec le dessein de reconnaître le détroit de Magellan dont une carte avait été dressée sommairement en 1696 par le capitaine de Gennes. C'est au cours de cette entreprise que Bougainville aborda en Patagonie et fit justice de la légende accréditée les indigènes comme " des colosses effrayants, d'une taille gigantesque ".
De ce voyage de circumnavigation, Louis XV a réglé tous les détails avec Bougainville dans des instructions datées du 25 octobre 1765. Des Malouines, l'escadrille fera route sur la Chine par la mer du Sud, en reconnaissant les terres australes. Bougainville plantera ça et là des poteaux aux armes du roi et dressera des actes de prise de possession des terres pouvant être utiles au commerce de la France. Il pourra relâcher aux Philippines, mais il aura soin de prendre toutes les dispositions convenables pour quitter la Chine à la fin de janvier 1768, à cause de la mousson. A la relâche de l'Ile-de-France, Bougainville saura si la paix continue ou si la France est en guerre.
Les indigènes Les indigènes, observe Bougainville, ne boivent que de l'eau; l'odeur seule du vin ou de l'eau-de-vie les dégoûte. Ils ont d'ailleurs horreur des odeurs nauséabondes et se tiennent dans une propreté méticuleuse, se baignant chaque jour. Les hommes portent de longs cheveux flottants comme les femmes, ou les attachent sur la tête et gardent la barbe. Hospitalier entre tous, ce peuple aime la plaisanterie, le repos, et fuit toute occasion de fatigue du corps ou de l'esprit. Pacifiques et doux, les Tahitiens ignorent la guerre et même la rivalité ou l'envie, aussi vivent-ils sans cet esprit de propriété inhérent aux autres peuples. Dans ce décor enchanteur et comme planté tout exprès pour Bernardin de Saint Pierre qui aurait pu y placer " Paul et Virginie ", on mourait aussi. Et Bougainville nous apprend que les Tahitiens ont le culte des morts, auxquels ils font des offrandes sur de petits autels placés près des monuments funéraires.
Le 30 octobre 1790, Bougainville fut nommé au commandement de la flotte de Brest, mais à peine arbora-t-il sa " marque " sur le Majestueux qu’une mutinerie éclata, suivie bientôt d’autres révoltes plus graves. C’était l’anarchie et la violence devant lesquelles les officiers, réduits à l’impuissance par des jacobins de tout poil, démissionnèrent en masse. Bougainville se trouva dans la même situation et donna sa démission. Après le journée du 10 août 1792 à laquelle il prit part, il s’enfuit de Paris et chercha abri aux environs de Coutances. Les révolutionnaires vinrent le chercher pour le jeter en prison… Le 9 Thermidor le sauva d’une mort certaine. Puis les événements tournèrent. Le 26 brumaire an IV, Bougainville fut nommé membre de l’Institut, et le Directoire lui offrit, le 5 juin 1797, le portefeuille de le Marine, qu’il déclina d’une existence déjà longue et remplie d’aventures et de travaux, il se retira dans le domaine qu’il acheta en 1779 dans le Brie. L’Empire fit comte, sénateur et grand officier de la légion d’honneur. Le 31 août 1811, à 11heures du soir, au n°5 du passage des Petits-Pères, Louis-Antoine de Bougainville trépassait plus qu’octogénaire. Il eut les honneurs du Panthéon, et Lacepède, alors président du Sénat, prononça son panégyrique. Son cœur seul fut enseveli aux côtés de sa femme et son fils dans le petit cimetière du village qu’était Saint-Pierre de Montmartre. Là, sur une pierre, on peut encore déchiffrer ces lignes : " A la mémoire de Louis-Antoine, comte de Bougainville, officier général de terre et de mer, le premier circum-navigateur français, 1729-1811. "
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